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2 mai 2003
Mathieu Perona

Aperçu de mythologie japonaise

Les noms complets des techniques d’Aïkido font parfois référence aux mythes japonais. C’est la raison d’être de ce résumé du texte fondateur du la mythologie Shinto.

Le mythe fondateur du Japon est décrit dans le Kojiki. Rédigé aux alentours du VIIIe siècle à la demande de l’Empereur, il se fonde sur la collecte de nombreuses traditions orales glanées dans les différentes régions du Japon. Ce texte, mis en forme alors que le Bouddhisme commence à pénétrer l’archipel, constitue le texte central du Shinto [1].

Le texte des premiers chapitres, dans une ancienne traduction anglaise, est disponible à l’adresse suivante : Le Kojiki en version anglaise. Je vais tâcher d’en donner un résumé.

Partie I : La Naissance des divinités

Le texte débute par la naissance simultanée de la Terre et des premières divinités. Celles-ci, gardiennes de l’équilibre de toutes choses, se dérobent à la vue de tous. Le Création des terres elles-mêmes ne commence qu’avec Izanagi, Masculin-qui-Invite et sa soeur Izanami, Féminin-qui-Invite, qui reçoivent des autres mandat de mettre en forme les terres. Armés d’une lance précieuse, ils se tiennent sur le Pont flottant du ciel, et remuent la substance indiférenciée. Les gouttes tombant de cette lance forment la première île de l’Archipel, l’île d’Onogoro.Inazagi et Inazami descendent sur cette île, où ils s’unissent pour donner naissance aux autres îles et à de nombreuses divinités.

En donnant naissance à un esprit de feu, Inazami voit ses parties intimes brûlées. Elle en tombe malade, puis en meurt. Pris de colère, Inazagi décapite le dernier-né, duquel naissent de nouvelles divinités.

Partie II : La Querelle d’Izanagi et Izanami

Izanagi se rendit alors au pays des morts, pour persuader sa soeur de revenir parmi les vivants. Celle-ci se désola de son retard, car elle avait déjà mangé des mets des morts. néanmoins, elle lui demanda de l’attendre, en lui enjoignant de ne surtout pas regarder dans le pavillons où elle se retirait. Comme elle se faisait attendre longtemps, il passa outre et regarda dans le pavillon. Il y vit le corps de sa soeur, qui dans sa décomposition avait donné naissance aux divinités du tonnerre.Furieuse, elle le poursuit accompagnée de guerrier des morts. Izanagi parvient cependant à s’échapper et à rejoindre le monde des vivants, et il bloque le passage à l’aide d’un gros rocher. Izanami demeure ainsi dans le royaume des morts, divinité malveillante (assez semblable à la figure Kabbalistique de Lillith en Occident).

Revenant du monde des morts, Izanagi se livre à une longue purification, chacune des souillures récoltés dans le monde des morts devient, en le quittant, une nouvelle divinité.En particulier, de son oeil gauche naît Auguste-Divinité-Illuminant-du-Ciel, la déesse solaire Amaterasu, de son oeil droit sa contrepartie lunaire et de son nez Auguste-Brave-Mâle-Impétueux.

Partie III : Amateratsu et le Dieu des Tempêtes

Voyant qu’il a donné naissance à des divinités particulièrement illustres, Izanagi charge Amaterasu de veiller sur les plaines du Jour, à sa contrepartie sur celles de la Nuit, et à Auguste-Brave-Mâle-Impétueux charge des mers.

Ce dernier refusa cependant cette charge, et se lamenta tant et si bien qu’il fit se flétrir les collines. Il désirait en effet rejoindre sa mère au pays des morts. Apprenant cela, Izanagi le bannit.

Auguste-Brave-Mâle-Impétueux demande alors la permission d’aller faire ses adieux à sa soeur Amaterasu, ce qui lui est accordé. Alarmée, celle-ci craint qu’il ne tente de lui ravir les Plaines des cieux qui lui ont été confiées. elle s’arme donc de pied en cap, et fait face à son frère, de part et d’autre de la Rivière Tranquille du Ciel.Auguste-Brave-Mâle-Impétueux lui affirme alors venir en paix, et lui propose de prouver ses bonnes intentions. Pour se faire, ils se confient mutuellement des objets personnels, chacun faisant naître des divinités des objets de l’autre. Amaterasu donna ainsi naissance à des divinités masculines, et son frère à des divinités féminines.

Revendiquant la victoire, Auguste-Brave-Mâle-Impétueux s’avance, brisant les rizières et semant la destruction. Effrayée, Amaterasu s’enfuit et se cacha dans une grotte. Sa disparition obscurcit toute la Plaine Céleste et le Pays des Roseaux (le Japon). Affligées de la disparition du soleil, plus de 800 divinités s’assemblèrent pour faire sortir Amaterasu de sa caverne. Pour ce faire, ils constituèrent une complexe parure pour un arbre poussant à l’entrée de la grotte, auquel ils suspendirent un miroir. Ils fabriquèrent ensuite une corde cérémonielle, que les divinités ne peuvent pas franchir. Enfin, la Déesse Céleste-Féminine dansa devant la caverne, se dévoilant peu à peu jusqu’à se mettre nue, et les autres divinités se réjouirent. Intriguée par la joie des autres dieux alors que le soleil avait disparu, Amaterasu s’approcha de l’entrée, leur demandant ce qui les réjouissait tant. Féminine-Céleste lui répondit alors qu’à l’occasion de sa disparition, les autres dieux avaient trouvé une divinité encore plus resplendissante qu’elle. Et les autres dieux d’approcher le miroir. Stupéfaite, Amaterasu s’avança vers le miroir, jusqu’à ce qu’une divinité la saisisse, la fasse sortir et ferme la caverne à l’aide de la corde cérémonielle. C’est ainsi que le soleil revint sur le monde.

Les dieux décidèrent alors d’expulser pour de bon Auguste-Brave-Mâle-Impétueux. Celui-ci leur demanda de la nourriture. La Déesse de de Nourriture en fit sortir de son nez, de ses yeux et de son fondement. Se méprenant sur ses intentions, Auguste-Brave-Mâle-Impétueux la tua. De son corps naquit le riz, le millet et les vers à soie.

Auguste-Brave-Mâle-Impétueux descendit finalement sur la terre. Arrivé là, il combattit un serpent à huit tête. En dépeçant le serpent, il brisa son épée, qui avait été celle d’Izanagi, sur une autre, qu’il prit du corps du serpent.
Il se construisit ensuite une résidence à Suga.


Sur ces entrefaites s’achêve la cosmogonie proprement dite.
Le Kojiki comporte ensuite une partie dédiée à des légendes faisant intervenir des animaux. Ensuite, commence le second versant de l’oeuvre, qui met en avant la filiation entre les dieux décrits plus haut et la lignée impériale japonaise. Je prends le parti de résumer très brièvement cette partie. Elle commence avec la figure de Yamato, prince impétueux chargé par la divinité son père, qui le craint, de pacifier diverses puissances et populations. Cette partie fait historiquement référence aux premières tentatives réussies d’unification du Japon, à partir d’une région mal déterminée (on ne sait pas si le Yamato mythique renvoie au Kanto, près de Nara, ou au nord de l’île de Kyushu). Suivent huit souverains, destinés avant tout à combler le trou entre Yamato et l’Empereur Jimmu, ancêtre historique de la lignée impériale japonaise.

Il faut ici noter que l’influence de la Chine a, en négatif, mis en relief une spécificité japonaise. En effet, la Chine a connu de nombreux changements dynastiques, alors que la lignée impériale japonaise a été censément ininterrompue. Cette absence de "retrait du mandat céleste" constitue un des fondements de l’institution impériale.

P.-S.

J’espère pouvoir donner un résumé plus complet et surtout plus commenté dès que j’aurais un peu plus de temps.

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